11/10/2016
« La pensée du moyen pour construire devient le moyen de penser » (Paul Valéry) : le mouvement analytics big data vu en complexité ?
Les Rencontres 2016 « Vigilance Epistémique et Citoyenne » du Réseau Intelligence de la Complexité « Gouvernance algorithmique, gouvernance territoriale : Quels enjeux, quelles vigilances ? » (http://www.intelligence-complexite.org) ont l’intention de poursuivre notre vigilance épistémique et citoyenne sur les sujets sociétaux qui s’imposent à nous parce qu’ils engagent notre futur et dont les enjeux, au-delà d’une apparente modernité technique et sémantique, apparaissent peu intelligibles a priori.
Cette vigilance épistémique est indispensable à l’exercice de notre responsabilité éthique dans la construction du monde. Nous vivons en utilisant et en produisant nous-mêmes de multiples artefacts : objets, machines, technologies, transports, habitations, modes de production et de consommation, organisation de la cité, processus d’organisation politique et sociale, systèmes d’information, lois, droit et codes de conduite, théories scientifiques, etc. Nous considérons ces artefacts assez spontanément comme « donnés », alors qu’ils ont été construits ou sont en cours de construction. Notre responsabilité, individuelle et collective, dans la conception des processus d’aujourd’hui qui construisent le monde de demain est une question que nous ne pouvons pas éluder.
L'objet de cette rencontre est donc de contribuer à l’intelligibilité de phénomènes sociétaux émergents et de s’interroger sur les conséquences de nos représentations en termes de pratiques sociales, de construction de normes, de rapport à l'action et de gouvernance à différentes échelles, y compris celle de l’avenir de l’humanité.
Il serait de peu d’intérêt de simplement constater les effets positifs et les effets négatifs de la révolution de l’analytics big datas et des objets connectés en « évaluant » dans la pensée binaire qui caractérise notre époque, pour les uns, enthousiastes, que ce mouvement est l’avenir de notre « vieux » monde, pour les autres, déclinistes, une catastrophe annoncée. Plutôt que de choisir entre les exigences contradictoires posées par des critères économiques, sociaux, environnementaux et éthiques acceptons de travailler avec les tensions/dilemmes créées par ces injonctions paradoxales.
Se préparer à concevoir ensemble un questionnement en complexité ? Quelques réflexions préparatoires à la rencontre du 25 novembre 2016 sont ici
09:41 Écrit par Philippe Fleurance | Lien permanent | Commentaires (0) | |
03/10/2016
La pensée complexe d’Edgar Morin pour concevoir une vision globale du football
« Et si Edgar Morin, souvent cité par Leonardo Jardim, le coach de Monaco, pouvait inspirer plus largement la Ligue 1 ? … » http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Edgar-morin-app...
C’est ainsi que le journal sportif « L’Equipe » et son rédacteur commentent l’entretien que ce journal a eu avec Leonardo JARDIM entraineur de l’équipe première de football de l’Association Sportive de Monaco (ASM - Ligue 1). Lequel entraineur se réfère à la pensée d’Edgar Morin pour concevoir une vision globale du football qu’il synthétise comme relevant de la « méthodologie écologique » : « … Je ne crois pas à la dissociation des exercices. Je pense qu’il faut mêler tous les facteurs à l’entraînement et les orchestrer. Les développer ensemble … Les frappes, les changements de direction, les appuis… Toutes ces choses, tu ne peux pas les améliorer aussi efficacement en-dehors du terrain que dessus. Idem pour la communication : quand le lien du ballon est là, c’est tout à fait différent. … »
En rupture totale avec les discours convenus des commentateurs du football, nous ne pouvons que partager la compréhension des jeux sportifs collectifs de cet entraineur d’une équipe de haut niveau : « Edgar Morin a une vision globale du monde, de la complexité des facteurs qui interagissent. Face à l’échec, il ne va pas chercher à simplifier et à pointer du doigt un manquement. Il a une perception symphonique de la vie. Eh bien, transposé au football, c’est la même chose. Si ça ne marche pas, il est tellement simple d’affirmer : « Ah, l’équipe n’était pas bien physiquement ! » ; « Ah, le moral est atteint avec cette série de défaites ! » ; « Ah, tel joueur est passé au travers ! » ; « Ah, c’est la faute de l’entraîneur ! » Une équipe qui marche bien, c’est un orchestre où tous les instruments jouent sur le même tempo. Quand il ne marche pas, c’est une succession d’erreurs : les interprètes, la qualité des instruments, le chef d’orchestre, et tant d’autres facteurs imperceptibles de l’extérieur. Le foot est complexe. Il faut l’analyser ainsi et éviter la simplification ».
Sans nul doute, la performance sportive ne réfère pas seulement aux traits d'abstraction et de formalisation du réel des connaissances analytiques qui isole des régularités, normalise des « lois » avec l'intention de rendre compréhensibles les phénomènes sportifs et ainsi de généraliser les résultats. La performance comme « art pratique » mobilise des entreprises délicates à conduire, de couplages réussis entre des éléments de connaissances analytiques/prescriptives d’un côté et de l’autre expérientielles/émergentes en vue de produire des actions performantes. Les process de jeu en sport sont trop souvent présentés comme une suite de performances individuelles alors qu’ils résultent d’une organisation éminemment collective
En servant du dictionnaire des citations du journal « Le Monde », le rédacteur tente quelques analogies plus ou moins heureuses entre la pensée complexe d’Edgar Morin et la pratique du football. Ne boudons pas notre satisfaction, quelques unes semblent judicieuses : par exemple en s’appuyant sur la cybernétique de von Foerster « L'éthique de liberté pour autrui se résumerait à la parole de: "Agis en sorte qu'autrui puisse augmenter le nombre de choix possibles "» (La Méthode – Ethique ; 2004) ; de même « En fait, l'incompréhension de soi est une source très importante de l'incompréhension d'autrui. On se masque à soi-même ses carences et faiblesses, ce qui rend impitoyable pour les carences et faiblesses d'autrui.» Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur (2000). Nous ne pouvons que nous féliciter que le journal « L’Equipe » incite les sportifs et leurs entraineurs à travailler à de nouvelles intelligibilités pour comprendre/agir le monde footballistique. Alors, félicitons nous que le journal « L’Equipe » et son rédacteur donne de l’écho à cette interview en se demandant « Et si Edgar Morin, souvent cité par Leonardo Jardim, le coach de Monaco, pouvait inspirer plus largement la Ligue 1 ? ».
Cette vision du football de Leonardo JARDIM validée aussi par les résultats actuels de l’ASM, tout comme celles de quelques grands entraineurs comme Claude ONESTA en handball, au-delà du management sportif, laissent entrevoir ce que pourrait être le management des hommes au travail.
09:39 Écrit par Philippe Fleurance | Lien permanent | Commentaires (0) | |